20.
Déchirée

 

« Les hommes sont des guerriers-nés, mais une femme au combat sera plus sanguinaire encore. »

 

Vieux dicton écossais

 

 

* * *

 

 

Bree et moi filions dans la nuit, bien installées sur les sièges confortables de sa voiture. Le cercle devait se tenir chez Matt, à environ quinze kilomètres de la ville. J’ai su, au moment où elle est passée me prendre, qu’elle cogitait dur. Moi aussi, d’ailleurs. Après mon rêve de la nuit précédente, j’étais soulagée de voir qu’elle était saine et sauve – et normale, son silence mis à part.

J’ai repensé aux milliers d’heures que nous avions passées ensemble en voiture. D’abord avec nos parents ou Ty, le grand frère de Bree, puis toutes les deux. Certaines de nos conversations les plus intéressantes avaient eu lieu à ces occasions, quand nous nous retrouvions seules, elle et moi. Ce soir, l’ambiance était différente.

— Pourquoi tu ne m’as pas parlé du sort que tu as jeté à Robbie ? m’a-t-elle demandé.

— Le sort visait la potion, pas Robbie, ai-je précisé. Et je n’en ai parlé à personne. Du tout. Je pensais que cela ne servirait à rien. Que cela ne marcherait pas. Et je ne voulais pas avoir l’air bête, ensuite.

— Tu crois vraiment que ça a fonctionné ?

Ses yeux noirs ne quittaient pas la route, balayée par les phares puissants de sa voiture.

— Ben… oui. Je ne vois pas d’autre explication, en fait. Lundi encore, sa peau était horrible, et à présent il est super mignon. Comment t’expliques ça, sinon ?

— Tu penses être une sorcière de sang ?

J’avais l’impression de subir un interrogatoire. J’ai éclaté de rire pour détendre l’atmosphère.

— Mais bien sûr. C’est ça. Je suis une sorcière de sang. Tu as vu Sean et Mary Grace, ces jours-ci ? Ils ont acheté un tout nouveau pentacle à accrocher au-dessus de la cheminée.

Bree n’a pas bronché. Sa tension et sa colère me parvenaient par vagues, mais impossible d’en deviner la cause.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me suis-je enquise. À quoi tu penses ?

— Je ne sais pas quoi penser, justement.

Ses jointures étaient blanches tant elle se cramponnait au volant de cuir. À ma grande surprise, elle s’est rangée sur l’accotement de Wheeler Road. Puis elle a coupé le moteur et s’est tournée vers moi.

— Je n’arrive pas à croire que tu puisses être aussi hypocrite.

J’ai écarquillé les yeux.

— Tu dis que tu ne t’intéresses pas à Cal. Que je peux lui courir après autant que je veux. Mais vous êtes toujours en train de papoter, tous les deux, de vous regarder comme si le reste du monde ne comptait pas.

J’ai fait mine de vouloir répondre, mais elle ne m’en a pas laissé le temps.

— Moi, il ne me regarde jamais de cette façon, a-t-elle ajouté dans un murmure, et son expression peinée semblait sincère. Je ne te comprends pas. Tu ne veux pas venir aux cercles, mais tu jettes des sorts derrière notre dos ! Tu te crois supérieure ou quoi ? Tu crois que tu es spéciale ?

J’en suis restée bouche bée.

— Je viens justement au cercle ce soir, me suis-je défendue. Et tu sais très bien pourquoi je ne suis pas venue aux deux autres, tu sais à quel point mes parents étaient paniqués. Ce sort n’était qu’un exercice, presque un jeu. Je ne savais pas ce qui allait se passer.

— Un jeu ? Mais tu as pris Robbie comme cobaye !

— Je sais ! Et j’ai eu tort ! ai-je rétorqué en me retenant de crier. Mais, grâce à moi, il est un million de fois plus beau qu’avant. Tu trouves que c’est un crime ? Et si je lui avais plutôt fait une faveur ?

Nous nous sommes tues un instant. La colère de Bree était palpable.

— Bree, ai-je repris, même si cela s’est bien fini pour lui, je sais que je n’aurais pas dû lui donner cette potion. Cal a dit que c’était interdit, et je comprends pourquoi. J’ai commis une erreur. J’étais perdue, j’avais peur et je… je voulais juste… savoir.

— Savoir quoi ? a-t-elle craché.

— Si je suis… spéciale. Si j’ai un don.

Elle a regardé par la vitre sans piper mot.

— C’est vrai, quoi, je vois les auras des gens ! Purée, Bree, j’ai guéri l’acné de Robbie ! Ce n’est quand même pas rien, si ?

Elle a secoué la tête, mâchoires serrées.

— Tu es complètement folle, a-t-elle marmonné.

Je ne la reconnaissais plus.

— Qu’est-ce qu’il y a, Bree ? ai-je demandé en retenant des larmes de colère. Pourquoi tu m’en veux autant ?

Elle a haussé les épaules avant de répondre :

— J’ai l’impression que tu n’es pas honnête avec moi. (Puis, les yeux de nouveau tournés vers la vitre elle a soufflé :) Que je ne sais même plus qui tu es.

J’étais à court d’arguments.

— Bree, je te le répète. Je crois que Cal et toi vous feriez un beau couple. Je n’essaie pas de le draguer. Je ne l’appelle jamais. Je ne m’assois jamais à côté de lui.

— Et pour cause ! Il le fait pour toi ! Mais pourquoi ?

— Parce qu’il veut que je devienne une sorcière.

— Et pourquoi ? Il se fiche bien que Robbie ou moi devenions des sorciers. Il te pose des devinettes, il te porte dans la piscine, il te dit que tu as un don pour la magye… Pourquoi ? Et toi, pourquoi tu lances des sorts ? Tu n’es même pas officiellement apprentie d’un coven, et encore moins une vraie sorcière…

— Je ne sais pas, ai-je admis, frustrée. C’est comme si quelque chose… s’éveillait en moi. Quelque chose dont j’ignorais l’existence. Et je veux comprendre ce que c’est, ce que je suis.

Bree a gardé le silence pendant plusieurs minutes. Dans l’obscurité, de petits bruits me parvenaient : le tic-tac discret de ma montre, le souffle de Bree, les cliquetis métalliques de Breezy qui refroidissait. Soudain, une ombre noire a fondu sur moi, sur la voiture. D’instinct, je me suis crispée pour encaisser le choc. Qui n’a pas tardé.

— Je ne veux pas que tu viennes ce soir, a lâché Bree.

Ma gorge s’est serrée.

Bree a ramassé un brin de fil sur son pantalon bleu soyeux avant d’examiner ses ongles.

— Je pensais vouloir découvrir la Wicca avec toi, a-t-elle poursuivi. Mais j’avais tort. En fait, je veux me lancer dans la Wicca toute seule. C’est moi qui ai assisté à tous les cercles, moi qui ai découvert Magye Pratique. Et c’est avec Cal que je veux partager tout ça. Lorsque tu es dans les environs, tu le distrais. Surtout depuis ton pseudo-sort. Je ne sais pas comment tu t’y es vraiment prise, mais Cal ne parle plus que de ça.

— Je n’y crois pas… Bon sang, Bree ! Entre Cal et moi, c’est lui que tu choisis ? Tu sacrifies notre amitié ?

Des larmes brûlantes me sont montées aux yeux. Furieuse, je les ai ravalées aussitôt. Pas question de pleurer devant elle.

Bree semblait moins touchée que moi.

— Tu ferais la même chose si tu étais amoureuse de lui, a-t-elle répliqué.

— N’importe quoi ! ai-je hurlé tandis qu’elle redémarrait. Je ne ferais jamais ça ! Jamais !

Bree a fait demi-tour au milieu de Wheeler Road.

— Tu sais, un jour ou l’autre, tu comprendras ton erreur, ai-je rétorqué, amère. Dès qu’il est question de mecs, tu deviens vraiment stupide. Cal n’est que le dernier en date de ta liste. Quand t’en auras marre de lui et que tu le plaqueras, je te manquerai. Mais je ne serai plus là pour toi.

Elle a réfléchi un instant. Puis elle a hoché la tête avec fermeté.

— Mais si, avec le temps, tu oublieras, a-t-elle déclaré. Une fois que moi et Cal on sortira ensemble, les choses se calmeront et tu verras la situation différemment.

— Dans tes rêves, ai-je aboyé. Où on va, là ?

— Je te ramène chez toi.

— Va te faire, ai-je répondu en ouvrant la portière.

Surprise, Bree a pilé et, sous le choc, ma tête a failli percuter le tableau de bord. Vite, j’ai détaché ma ceinture et sauté sur la route.

— Merci pour la balade, Bree.

J’ai claqué la portière de toutes mes forces. Dans un grondement de moteur, Bree est allée faire demi-tour vingt mètres plus loin avant de repasser devant moi pour filer chez Matt. Je me suis retrouvée seule sur le bord de la route, tremblant de colère et de peine.

Durant les onze années qu’avait duré notre amitié, nous avions eu des hauts et des bas. En CP, un jour, elle avait reçu trois cookies au chocolat en dessert et moi deux biscuits à la figue. Quand elle avait refusé d’échanger ses gâteaux contre les miens, je les lui avais pris pour me les fourrer dans la bouche. Je ne sais pas laquelle des deux était la plus horrifiée : elle ou moi. On était restées toute une horrible semaine sans se parler, puis on s’était réconciliées le jour où, pour faire la paix, je lui avais donné six feuilles de papier à lettres. Sur chacune d’entre elles, en guise de monogramme, j’avais dessiné un B au crayon de couleur.

En sixième, elle avait voulu copier mes exercices de maths, et j’avais refusé. Cette fois-là, on s’était fait la gueule pendant deux jours. Elle avait finalement pris ceux de Robbie, et on n’en avait plus jamais reparlé.

L’année précédente, en seconde, on avait connu notre dispute la plus sévère. Le motif ? Savoir si la photographie pouvait être considérée comme un art à part entière ou si n’importe quel idiot armé d’un appareil photo pouvait obtenir une image époustouflante de temps en temps. Je ne révélerai pas qui défendait cette position, je dirai juste que ça s’est terminé dans des hurlements, dans mon jardin, jusqu’à ce que ma mère nous sépare.

Cette fois-là, on est restées fâchées deux semaines et demie. Pour finir, on a signé un traité attestant que, sur cette question, on acceptait de ne pas être d’accord. J’ai toujours le papier dans un coin.

J’avais froid. J’ai remonté la fermeture de ma veste et rabattu la capuche. Je me suis élancée vers la maison de Matt avant de comprendre aussitôt qu’il habitait trop loin. Des larmes intarissables ont coulé sur mes joues. Pourquoi Bree me faisait-elle un coup pareil ? Déprimée, j’ai tourné les talons, entamant la longue marche qui me ramènerait chez moi.

Le croissant pointu de la lune était si proche que je discernais les cratères. L’oreille tendue, j’écoutais les bruissements de la nuit : insectes, animaux, oiseaux. Ma vision et mon ouïe se sont un peu aiguisées. Je les ai laissées faire. Malgré l’obscurité, j’apercevais des insectes sur les arbres à cinq mètres de moi. Des nids sur les plus hautes branches, ainsi que les petites têtes rondes des oiseaux endormis dépassant du bord. J’ai pris conscience des battements syncopés des cœurs des oisillons qui se mêlaient aux miens, bien plus lents et plus sonores.

J’ai volontairement diminué l’acuité de mes sens. Puis j’ai fermé les yeux, mais les larmes ont continué à couler.

Je pleurais sur notre amitié perdue – comment pourrais-je lui pardonner ? Et je pleurais parce que Cal et elle finiraient bel et bien ensemble – elle ferait le nécessaire. Mais mes pires sanglots, ceux qui me nouaient l’estomac, naissaient d’une nouvelle inquiétude : et si j’étais obligée de refermer toutes les portes qui venaient de s’ouvrir en moi ?

L'éveil
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